HISTOIRE DU SILO DE RIEZ, ALPES DE HAUTES PROVENCE
origine de la construction
En 1937,
L’architecte Henri Bernard est sollicité par la coopérative de blé de Riez, créée l’année précédente, pour construire un silo d’une capacité de 15000 quintaux dans la ville. La commune, comme toute celles du plateau de Valensole, a de tout temps produit des céréales.
Les silos sont alors une typologie récente en France, les premiers étant apparus à partir de 1929, les projets sont donc encore très expérimentaux. Architectes et ingénieurs du Génie Rural s’associent aux agriculteurs pour faire évoluer ces bâtiments.
En 1938,
C’est un grand événement pour les Riézois qui mettent à présent leur production en commun et maîtrisent mieux la commercialisation. Bien plus qu’un simple contenant pour les agriculteurs locaux, c’est une sorte de monument historique élevé à la gloire de la solidarité rurale qui a vu le jour.
Par son esthétique dépassant la simple expression de contraintes techniques et ses 36 mètres de hauteur, le silo de Riez constitue un signal urbain prégnant dans le paysage environnant. À partir d’un programme somme toute classique, l’Architecte a édifié un bâtiment qui, s’il reste de dimensions assez modestes, environ 10 x 21 m au sol, est remarquable par son parti-pris architectural.
Plusieurs centaines de silos vont être construits en quelques années, devenu une icône de la modernité architecturale, Le Corbusier écrira même qu’ils sont «l’une des bases du modernisme architectural».
Entre 1969 et 1974,
Le Silo est agrandi dans le prolongement du bâtiment d’origine, par deux bâtiments d’acier, sur une hauteur moindre et avec une largeur plus importante. Ils abritent des silos-cellules métalliques ajourés de type breveté « Poiraud » de conservation à l’air libre ainsi qu’un mécanisme élévateur. Le second bâtiment, en ossature métallique est recouvert de bardage et bac acier.
Il tourne à plein régime, il est un vivier économique pour la commune et les alentours, mais aussi pour quelques familles du village qui y étaient employées pour maintenir son bon fonctionnement.
Fin de siècle,
On constate que les céréales se conservent mal dans le béton, et que les nouveaux modèles de silos métalliques n’offrent pas de résultats plus probants. (Aujourd’hui, leur stockage se fait soit à plat, soit dans des silos verticaux en inox ou aluminium)
Le silo a été fermé à l’exploitation par la coopérative G.P.S , pour cause de coût d’entretien trop élevé et d’obsolescence de l’équipement intérieur.
Sources :
- VESIAN Hélène, étude Les silos à grains en France dans les années 1930, 2013.
- Agence KUB, ARLES Bruno, Expertise patrimoniale du silo de Riez réalisée pour la DRAC PACA, 2017.
Cheminement de la reconversion
En 2000,
Le silo de Riez reçoit le label Patrimoine du XXe siècle du Ministère de la Culture et de la Communication.
Tout comme d’autres objets produits par la deuxième révolution industrielle, le silo moderne suscite fascination et rejet. Mais on souligne à nouveau «l’objet» incontournable qu’il est devenu par son expression et sa plastique architecturale tout comme son inscription dans le paysage urbain et dans la mémoire collective.
Son dialogue avec la commune est là. Sa position en hauteur, dominant la ville, la forme très verticale, placent le silo dans une certaine autonomie, mais en même temps dans un échange avec la ville ancienne par-dessus les toits et les autres points hauts du paysage. (Clocher, Saint Maxime, Route de Quinson)
En 2018,
On projette sa démolition, alors que seul son aspect se veut en apparence de plus en plus délabré et ses abords ouverts et délaissés.
Mais la demande du dossier de permis de démolir est rejetée par les services des affaires culturelles de France. Au delà, le Ministère réaffirme son intérêt architectural par la transformation du nouveau Label d’Architecture contemporaine remarquable afin que soit préservées et valorisées les qualités qui ont valu la reconnaissance à cet édifice.
Sa dépravation en entrée de village participe d’autant plus au sentiment de rejet de la population locale, la Mairie n'encourant aucune action particulière d'intérêt pour une quelconque revalorisation. En même temps, il poursuit de susciter de la simple curiosité à la fascination, auprès d’urbexeurs, grapheurs, artistes, architectes, ou simples passants qui ,par une brève analyse du lieu, ressentent toujours de grandes qualités dans sa poétique industrielle et architecturale. Certains verront dans le béton banché des structures, le courant brutaliste. D’autres, par la nature des lignes des ouvertures, bandeaux et casquettes, un courant Art-déco.
En 2021,
Une nouvelle page s’écrit à partir de l’achat du bâtiment par la Société Hiatus de Xavier Jette, ayant confié la mission de maîtrise d’œuvre à Jérémy Azzaro Architecte.
Sa thématique de programme de réhabilitation et de reconversion est là. L’idée est de transformer le bâtiment en équipement culturel dédié aux arts libéraux et aux loisirs ouvert sur le monde et sur le village. Lieu vivant en permanence, il a pour cœur battant, une vaste salle de bistrot où sont exposées les œuvres, des ateliers et résidences d’artistes, mais aussi un musée ou encore des services plus locaux et polyvalents.
La première partie de l’étude a été dédiée à un relevé précis par une entreprise spécialisée dans le scan de construction par drone. Cet état des lieux a permis une première réflexion architecturale notamment pour le devenir des volumes vides des cellules de silos. Les premières esquisses tendent vers la création de planchers et d’ouvertures dans les voiles béton, ainsi que la création d'une circulation verticale externe, hypothèse confirmée par un bureau d’étude structure, à qui est confiée une mission d’analyse de faisabilité technique.
Sources créations visuelles de gauche à droite : Christian Martel, Arnaud Meyer, Catherine Sing
En 2022
En parallèle de la poursuite des études, la décision est prise de démolir les deux bâtiments métalliques annexes pour restituer le site dans son état initial à la construction du Silo originel. La Mairie, qui à l'époque ne s'était par montrée porteuse d'un projet pour le bâtiment, a cependant confirmé son intérêt pour le programme. Ne possédant toujours pas de PLU, le zonage pour la parcelle est alors inexistant : le permis de démolir est donc accordé.
Les travaux ont lieu à l’été 2022 redonnant, déjà au lieu une vision oubliée ; le début d’une réconciliation et d’un sursaut d’intérêt pour les Riézois. A cette occasion, pour marquer ce début de retour à la vie, une façade et le fronton du silo sont mis en lumière, révélant sa monumentalité les quatre premières heures de la nuit. Aussi, les premières intentions de projet sont communiquées à cette même période dans différents médias.
Sources photographie Nocture : Paul Cosmin Chidean
Encours 2023
Aujourd’hui, les principales lignes du projet sont décidées et présentées aux différents partenaires potentiels, pour établir la structure privée qui portera l'établissement à venir, sa programmation, sa maintenance, sa vie ...
Par la suite des études plus détaillées en terme de dessin architectural, différentes mises aux normes, économie de la construction, seront menées.